Ça faisait des années que je n’avais pas vu ça. Il y avait une mascotte en face du magasin où je travaillais qui donnais des échantillons de crèmes glacées. Une vraie avec l’immense tête et le grillage dans la bouche. Un ours polaire avec un t-shirt rouge, une casquette et des espadrilles de course. Je sorti un instant pour lui proposer un rafraîchissement. «Salut ! Tu dois avoir vraiment chaud là-dedans. Veux-tu du thé glacé?» La mascotte fît non de la tête et un geste avec ses mains que je ne compris pas. J’avais oubliée que les mascottes ne pouvaient parler. Je m’approchai d’elle. «Tu ne veux pas de thé glacé ?». Elle fît non de la tête et le même geste de la main. Je lui dis que je ne comprenais pas. Elle me fît signe de m’approcher. Je tendis l’oreille, près du grillage. Une petite voix s’en échappa. «Après».
C’est vrai, pour boire, elle devrait dévoiler son identité en enlevant sa tête. Et ça, c’était interdit en présence d’enfants selon le guide officiel de la mascotte. «Tu finis à quelle heure ?» je dis. Elle fît 4 avec ses gros doigts. «16h ?» je dis, pour être certaine que j’avais bien compris. Elle fît signe que oui. Et elle pointa quelque chose. Je regardai la direction. «Dans la ruelle ?» Elle refît signe que oui. 16h rendez-vous dans la ruelle pour abreuver l’ours polaire. Je revins derrière la caisse du magasin, un peu excitée. C’était une fille. Je me demandais si elle était jolie. À 15h55 je préparai un énorme thé glacé avec du citron, du miel et beaucoup de glaçons. Je sorti dans la ruelle par la porte arrière du commerce pour attendre l’ours polaire. Il arriva et enleva sa tête. La jeune femme dans son ventre était vraiment belle. Encore plus avec ses joues rouges, et les mèches de cheveux collées à son front. Je lui tendis le thé glacé.
-Tiens, j’ai mis du miel parce que les ours ça aime ça.
-Pas les ours polaires, dit-elle en rigolant. Mais moi j’aime ça. Merci.
Elle le bu d’une seule traite. Je la regardai, impressionnée. Puis elle me dit : Agathe c’est ça ?
J’étais complètement abasourdi, comment connaissait-elle mon nom ?
-Eh oui… On se connaît?
-Cours d’histoire de la littérature, jeudi 12h30, avec Jean Otbanoff. Tu arrives toujours cinq minutes en retard, t’assois dans la première rangée et pars à la pause.
-Eh oui… je travaille à 14h le jeudi…
-Je dois y aller moi. Merci pour le thé glacé. Si tu as besoin des notes de cours, tu sais maintenant où me trouver.