13 mai

À chaque vendredi 13, j’ai vraiment la poisse. La dernière fois, je me suis cassée la jambe. Aujourd’hui, j’aurai bien voulu rester enfermée chez moi pour ne prendre aucun risque mais j’ai eu trop peur d’une explosion au gaz dans l’immeuble. Je suis donc allée à la boutique, comme tous les jours. J’ai quand même gardé mon téléphone avec moi, avec le numéro des urgences comme dernier enregistrement, au cas où un voleur se mettait en tête de braquer la magasin de lingerie où je travaille depuis près de trois mois.
Après le déjeuner, une fois que Eva, ma responsable, avait quitté son poste pour partir en fin de semaine, une jeune trentenaire est entrée dans la boutique. Elle cherchait un body en dentelle. « Pas vulgaire, mais pas prude non plus, si tu vois ce que je veux dire. » Elle avait dit ça avec un clin d’oeil. Comme si un body en dentelle pouvait être prude. Je lui ai montré les quelques modèles que nous avions reçus dans les dernières semaines, et elle choisit un body noir, à la dentelle fine, qui de toute évidence mettrait parfaitement ses formes en valeur. Au bout de trois mois de travail cinq jours par semaine dans un magasin de sous-vêtements féminins, à être poussée par Eva à entrer dans les cabines d’essayage des clientes pour les conseiller personnellement, je savais reconnaître de loin quels corps seraient d’une harmonie parfaite une fois dévêtus. La jeune cliente était définitivement de ceux-là.
Je l’ai laissée essayer son body, sans trop me faire remarquer. En réalité, faire intrusion dans l’intimité des clientes me mettaient particulièrement mal à l’aise. C’était sans doute pour cela qu’Eva ne me garderait pas après l’été. Mais la cliente m’a appelée pour avoir mon avis sur quelque chose. C’est exactement ce qu’elle a dit: « Tu peux venir? J’ai besoin d’avoir ton avis sur quelque chose. »
Une fois devant la cabine, je me trouvais nez-à-nez avec cette grande jeune femme, aux cheveux bruns longs jusqu’aux fesses, et dont le corps était parfaitement embrassé par la dentelle du body.
« C’est très bien, je dis un peu rougissante.
-Très bien? Tu trouves? Mais regarde là, dit-elle en me pointant du bout du doigt sa généreuse poitrine, il y a un problème.
J’essayais de regarder furtivement ses seins, sans insister, en me concentrant sur le tissu et les coutures.
-Non, non. Tout me paraît correct.
-Mais regarde bien, il y a quelque chose qui ne va pas.
Je ne savais pas vraiment quoi dire, ni quoi faire. Je sentais bien qu’elle attendait de moi que je me penche vers ses seins, pour constater je ne sais quel problème sur le body, mais très sincèrement, le body lui allait comme une seconde peau. Je me suis forcée à approcher mon visage de sa poitrine, en me retenant de ne pas plonger au creux de ses seins bien rebondis.
-Vraiment, non. Je ne vois rien. Le body est fait comme ça, avec une couture, ce n’est pas un défaut.
-Non, mais là. Regarde, on voit mon téton.
Oui, ça, j’avais bien vu que la dentelle noire laissait apparaître son téton, et c’était ce qui créait tout mon malaise, et était à l’origine de ma maladresse.
-Votre téton? Oui, la dentelle est transparente, et vous avez des tétons, je dis l’air de rien. Mais c’est beau. C’est très beau.
-C’est vrai? Bon, ben … je le prends.
Puis, aussi rapidement qu’elle m’avait appelée dans sa cabine, elle avait refermé le rideau pour se changer.
Vendredi 13, hein… Peut-être que la chance a tourné après tout?

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