Ça faisait depuis le début du printemps que j’essayais de faire pousser quelque chose devant chez moi mais un chat, toujours le même, venait grignoter ce qui émergeait tout juste du sol. J’en avais vraiment marre de lui alors je décidai de le suivre pour voir où il habitait. J’allais dire deux mots à son propriétaire. Je repérai la maison où il venait de s’infiltrer. Je sonnai. Une grande femme aux joues roses et à la chevelure noire ouvrit la porte.
-Vous êtes ? demanda-t-elle.
-Natalie, dis-je.
C’était une propriétaire. Une belle propriétaire en plus. Je cherchais mes mots tout à coup.
-Votre-vo-votre chat mange mes plantes, parvint-je à dire sans grande conviction.
-Boubou ? Ça se peut, il est végétalien. Il ne veut pas manger autre chose que des légumes. Vert de préférence. Désolée. Vous avez essayé de mettre du poivre dans la terre ? Ça les garde à distance, répondit-elle, avec un sourire qui me chatouilla le ventre.
-Ah. Ah non, je ne savais pas. Très bien, d’accord, merci pour le conseil. Je vais essayer ça.
Je traversai la rue, engourdie. Ça ne s’était pas du tout passé comme je l’avais imaginé. Boubou le chat végétalien. Comment être fâchée après un animal au régime alimentaire plus cohérent que la plupart des humains, avec une propriétaire vraiment très jolie en plus. Sacré Boubou, tu pourrais continuer de manger mes pantes si ça me permettait de revoir ta chère maîtresse.
De retour chez moi, j’attendis une dizaine de minute et sortie pour retraverser la rue à nouveau. Je resonnai chez Boubou.
-Rebonjour ! dis-je, quand la porte s’ouvrit, avec trop d’entrain cette fois, tentant de rattraper le coup.
-Rebonjour. Boubou vous a volé votre compost? Je tarde à commencer à en faire, il a sûrement décidé de s’en occuper lui-même. C’est vraiment un écolo ce chat.
Je reste sidéré devant cet humour si naturel et spontané.
-Ahah. Non, en fait, je…je… n’ai plus de poivre. Vous pourriez m’en passer un peu?
-Oui. Bien sûr. Il ne faut surtout pas attendre une minute de plus avant de protéger vos semences de cet ogre de chat.
Elle part dans la cuisine en laissant la porte ouverte, son appartement semble chaleureux et calme, comme elle. Elle revient avec une poivrière.
-Voilà. Je vous la prête pour aujourd’hui. Pouvez-vous la rapporter avant 18h. Je compte faire des pâtes au citron et au poivre ce soir.
-Merci…
-Maïko.
-Merci Maïko. Je le ramènerai dès que j’ai finis.
-Non, à 18h c’est très bien, vous goûterez ma recette.