31 mai

Je ne l’avais jamais vu, mais on s’était parlé une fois au téléphone. Elle était à un souper avec des amis et m’avait appelé. J’étais en train de finir un travail d’analyse de film. J’avais eu l’air studieuse et intelligente. Et j’étais tombée amoureuse de sa voix.

Peu de temps après, on avait planifié notre première rencontre. Elle ne m’avait pas invitée à prendre un verre dans un bar, à manger au restaurant ou à faire un pique-nique dans un parc, elle m’avait invitée chez elle. J’avais acceptée et proposée de cuisiner, comme elle n’aimait pas ça. Arrivé au bon immeuble, j’avais montée les huit étages d’un escalier étroit et poussiéreux qui sentait la cigarette. Juste avant de cogner à sa porte, j’avais pris une minute pour réaliser ce que j’étais en train de faire et pour chasser l’idée que j’allais peut-être avoir affaire à un homme bedonnant de cinquante ans. Impossible, j’avais entendu sa voix. À moins que… Mais non. Décidément, je regardais trop de films.

Je calmai les battements de mon cœur et frappai. La porte s’ouvrit et une belle jeune femme, à la peau légèrement hâlée et aux cheveux tressés m’ouvrit la porte. Deux coupes de vin et une bouteille m’attendaient sur la table basse du salon. J’allai à la cuisine déposer mes courses. Puis je vins m’asseoir sur le divan à ses côtés. Nous commençâmes à discuter. Et n’arrêtèrent même pas pour manger. Enchaînant les coupes de vin, sans regarder l’heure qu’il était. J’adorais la manière qu’elle avait de souffler la fumée de sa cigarette sur le côté de sa bouche. Sa belle bouche. Parfois, mon cerveau arrêtait d’écouter les paroles qu’elle prononçait et se demandait juste à quel point sa bouche et sa peau étaient douces. Nous parlâmes au passé, au présent et au futur. Et lorsque nos bâillements eurent raison de nous, nous constatâmes qu’il était 4h du matin. Nous travaillions toutes les deux le lendemain. Elle me proposa de dormir chez elle. Je la remerciai et m’installai sur le canapé. Mais elle me dit que je pouvais dormir avec elle, dans son lit.

C’est ainsi que je me retrouvai, en petite culotte, dans le lit d’une inconnue, qui en l’espace d’une soirée, était devenue tout à fait familière et qui, je ne le savais pas encore, deviendrait rapidement la femme de ma vie.

 

 

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